mercredi 20 août 2008

La Reprise traumatique : présentation et re-présentation scénique spectaculaire

SOUS-TITRE : L'avatar temprel de la réaction dissociative

Le syndrome de répétition traumatique (SRT) est une constante du tableau clinique.

Au regard de la nosographie, on re-connaît 8 modalités répétitives, parmi lesquelles le cauchemar de répétition traumatique, les hallucinations, les illusions, les ruminations, etc. La scène se répète. Qu'il soit endormi ou éveillé, le suejt revoit la scène, il la ressasse, elle le travaille. Cependant, le tableau clinique rigide n'intègre pas "le discours répétitif" qui peut s'instituer et sur lequelle débouche souvent le processus thérapeutique de debriefing : le traumatisé se répète, il répète le même discours encore et toujours ; celui qu'il a appris à formaliser au cours de ses entretiens.

Mais quelle est la nature de la répétition ?

Vonnegut nous donne déja une piste sur le sujet quand il signifie à propos d'Abattoir 5, l'un de ses ouvrages qui traite de guerre : "ce livre est une re-présentation littéraire ; pour l'écrire, je me suis retourné, c'est l'oeuvre d'une statue de sel". Et pourtant, s'il s'agit d'une re-présentation (la scène se re-présente, elle revient au devant de la scène quotidienne et relègue le présent en arrière-plan) il ne s'agit pas d'une présentation à l'identique. La scène se "présente à nouveau", c'est tout le sens de la re-présentation, mais elle est délavée. Autour d'elle, s'aglutinent des variations. Re-présentée et non proprement présentée, elle ne s'impose pas comme un présent tout-puissant.

En réalité, il s'agit de Reprise, non de répétition : la scène traumatique est fissurée, et dans cette fissure ou autour d'elles, viennent s'aglutiner un ensemble d'éléments qui instaurent des variations scéniques. Comme au théâtre, la Reprise est une variation mais c'est aussi une appropriation (on s'approprie Peter Pan, on la reprend, on présente la variation ou plutôt) - On présente à nouveau, mais c'est une présentation nouvelle : il faut donc saisir la toute-puissance et surtout la toute présence de la scène qui "se reprend". Comme deux présents ne sauraient co-exister, le quotidien du traumatisé est relégué dans l'ombre, il est comme un moustique prisonnier dans l'ambre. Comme disait Marguerite Grimault à propos de Kierkegaard, c'est "le malheureux que le souvenir empêche d'être présent dans son espoir". Pourtant l'ambre vieilli, se fissure, et dans la brèche scénique, s'aglutine des variations. Au hasard de sa course folle, un espoir ne pourrait-il pas finalement s'aglutiner - qui sait.

Le quotidien est lui-même le champ de nombreuses alitérations. Comme disait Leibniz, "nous sommes mécaniques dans les trois-quarts de nos actions". Je me lève, me douche, boit une gorgée d'eau, sort de ma chambre d'hôtel, déscend les escaliers, je marche, mange, bois, urine et défèque, etc. etc. Mais ces alitérations sont aussi variées. Ce sont des habitudes qui ont un caractère de rituel, on les campe, on les habite, elles nous rassurent. Elles sont un point d'ancrage dans la vie.

En outre, le traumatisé écrit "comme s'il y était toujours", il jette au devant de lui ce qui, pourtant passé, refuse de figurer comme un élément proprement historique. Donnant dans l'écriture ou le récit immédiat, donnant dans la représentation scénique "in vivo", il s'empêche d'en voir les chemins consécutifs de sorte que tous les avenirs possibles soient ramenés à l'unicité d'un seul destin (le destin traumatique). Dans l'avenir, s'institue un mur ; les projets eux aussi sont murés.

Problématique sous-jacente : pour reprendre la scène, le traumatisé a dû se l'approprier mais il ne la comprend pas pour autant. Elle demeure l'intrus, le tiers. Au regard du traumatisé, l'événement traumatique est vécu comme une intrusion, comme un viol.
Parce qu'une Reprise est un concept théatrâl, parler de reprise nous introduit à cette dimension : théatrâle, scénique, spéctaculaire. Le spectacle se profil derrière la Reprise, le sujet fait du spectacle.

Etc, etc.

Il serait intéressant de travailler sur les variations qui entourent l'événement traumatique telles qu'elles sont formalisées par le sujet. Dans les différences, se trace une biographique qui, bien qu'elles brodent autour du trauma, ne sont pas réduites à l'unicité traumatique.



PISTES DE LECTURES :

Kierkegaard,
in La Reprise.

Lacan,

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